La jolie lumière du matin nous aide à nous lever de bonne
humeur. La fille de Vula est là pour la lessive des choses du gîte mais aussi de
celles des habitants. Après le petit déj
je relis mes mails et décide de mettre sur une clé les remarques et fichiers concernant
la comptabilité, envoyés par Henry à Nina. Je crois qu'il ne sera pas inutile
de lui en rappeler l'urgence. Dès que jz la vois, avant la réunion je lui en
touche deux mots et lui explique un peu les demandes. Pas inutile en effet… à
compléter lundi.
Philibert célèbre un mariage dans la nouvelle mairie. La
salle des mariages ressemble à une chapelle au sol carrelé bien propre. Porte
et fenêtres sont en aluminium. Haut standing pour ici. La noce est fort modeste
avec peu de participants, ce qui est aussi assez surprenant. Au dernier rang
sur un banc vernis tout neuf, il ya deux missionnaires mormons manifestement
heureux de chaperonner la cérémonie. A l'issue de la cérémonie, ces deux jeunes
blancs en chemisette et cravate parlant malgache, font des photos de la noce devant la mairie.
Philibert me dit qu'ils sont très
présents comme d'ailleurs les témoins de jehova qui viennent d'achever un
nouveau temple dans le centre de Manandona. Les mormons sont venus lui proposer
de réaliser un circuit d'adduction d'eau, Philibert leur a proposé d'étudier
celui du hameau Ambohimirary. Ils ont déjà fait celui qui dessert Mahasoa.
Pas drôle ce nouveau colonialisme religieux et sectaire.
Un des premiers mariages dans la nouvelle mairie |
La réunion de la commission jeunes commence. C'est Nina qui
pilote la réunion et elle s'y prend très bien. Il s'agit de
refaire un appel aux ados pour créer une sorte de maison des jeunes avec
plusieurs types d'activités, mais surtout un volet éducatif (conduites à
risques, sexualité, hygiène…) assuré par Missy une jeune femme de l'association
Vahatra. Ce module est obligatoire pour les adhérents. Sont prévues aussi des
activités sportives (basket , foot…) et d'autres choses (jeux, danse, vidéo). Grande nouveauté, ils ne demandent pas de
moyens pour fonctionner. Je propose de poser la question à Anjou Madagascar de
prendre en charge la réparation des paniers de basket inutilisables au CEG
comme au lycée du Sacré Cœur. Il y a 38 jeunes présents qui s'inscrivent dans
les différentes activités proposées. Missa la bibliothécaire est là aussi et se
montre très active.
Les jeunes intéressés par les propositions d'activités |
Les jeunes devront ramener l'autorisation signée des parents. Cette autorisation aura été
consciencieusement tamponnée au sigle de Vovonana. Ce goût immodéré du tampon
nous jouera un tour dans la journée. Ce projet me paraît bien différent des
autres et j'y adhèrerais plus volontiers. On me reparle des poulets gasy
(mollement), je verrai ça avec Philibert mardi. On se disperse vers 11h30. Je
n'ai revu aucun des membres des précédentes commissions jeunes… on me dit que
tous sont partis un peu partout.
Après le déjeuner et une courte sieste nous partons,
Philibert, Gabriel, Jo et moi pour la réception des travaux sur la captation
nouvelle des sources du réseau Ambohimiarisoa. Juste comme nous montons dans la
voiture un orage terrible éclate : vent, éclairs, pluie puis grêle viennent
noyer le paysage. Nous partons quand même lentement sous ce déluge. La piste
est très boueuse et nous glissons
gentiment de droite et de gauche. Les canaux débordent sur le chemin. L'eau
devient couleur chocolat tant elle traine d'alluvions. On finit au bout de 3 km
par s'arrêter dans la cour d'une maison. Vêtement de pluie sur le dos on finit
le chemin à pied. Dans les champs de légumes c'est la désolation : courgettes
et haricots verts hachés menus, jeunes maïs saccagé… les arbres fruitiers ont
perdu la plupart des fruits en formation. Bref on arrive au quartier où le chef
nous attend avec une douzaine d'hommes concernés par l'évènement. L'eau coule à
nouveau dans ce réseau, mais surtout l'eau est redevenue potable grâce aux
travaux qui viennent de s'achever. Suit
un long moment de discours de recommandations. Nous ne serons pas moins de
quatre à répéter qu'il faut payer la modeste contribution qui sert à entretenir le réseau. Des femmes se sont
rapprochées, mais seuls les hommes parlent de l'eau… qu'ils ne portent jamais. Remerciements
divers de toutes les" entités présentes" (terme un peu générique pour
désigner toutes sortes de responsables) et dans le petit mot qu'on m'a demandé
de faire je rappelle qu'Anjou Madagascar n'est pas un bailleur de fonds, mais
des individus, des organismes qui ensemble, réunissent des moyens pour
participer à la réussite de leurs projets. Cette solidarité n'a de sens que
s'ils fournissent un travail, cette fameuse
part des bénéficiaires, ce qui peut se résumer part "aide toi et Anjou
Madagascar t'aidera". Un pot de l'amitié fort modeste termine cette
cérémonie dans la salle de classe de l'école catholique. Un autre bâtiment a
été détruit par le cyclone et des enfants ont cours aussi dans l'église. On se
prépare à signer les documents, mais où est donc passé le tampon ? Point de
tampon, point de signature. On fera ça lundi. Nous repartons. Derrière nous des
enfants apportent leurs gros bidons jaunes à la borne fontaine, ils nous
sourient.
La terrible averse a été absorbée, les canaux assagis et doucement
nous rentrons au gîte. La nuit tombe. Flavien qui, pour vérifier une dernière
fois tout le réseau était parti avant nous en vélo a pris l'orage, est épuisé
ce soir. On mange vite en pensant au programme de demain… chargé aussi !
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