La
journée s'annonce très chaude dès le matin. Elle tiendra ses promesses sans
finir en orage. Vers 8h Philibert passe me saluer avant l'office, et je lui prends deux minutes pour lui montrer l'état pitoyable de la rambarde du palier
qui mène à la bibliothèque. Danger mortel pour n'importe quelle chute de gamin
depuis cette hauteur… il sera bien temps de pleurer si ça arrive. On va essayer de voir ça…
Il faudrait bien remplacer la rambarde par un muret... |
C'est
dimanche et je suis invité de l'autre côté de la vallée. J'ai décidé de faire
une bonne marche avant d'aller chez le pasteur. Bonnes chaussures, sac à dos
avec eau et vêtements de pluie matériel photo tout est prêt et je pars avant
9h. Dans le village les offices ont commencé et les hymnes débordent dans la
rue où les gens endimanchés rejoignent les lieux de culte. Tout cela est bien
paisible. Je prends la direction de la digue centrale. Dans la cour d'une
maison on bat l'orge destiné aux brasseurs locaux, les paysans profitent qu'il
ne fait pas encore trop chaud.
En route vers la rizière |
Plus loin c'est une dame qui accompagne un jeune
garçon pour mener un troupeau de canards vers la rizière où il devra sans doute
rester les surveiller. Je tourne sur ma gauche avant le pont, persuadé qu'il y
avait un autre passage un peu plus loin… erreur, au bout d'un quart d'heure je
rebrousse chemin, mais cela me donnera quand même l'occasion de photographier
l'atterrissage spectaculaire d'un grand héron blanc.
Je franchis le pont cette fois et prend
le chemin auquel je pensais. C'est celui qui passe dans la partie la plus
marécageuse de la vallée, la plus poissonneuse aussi. Ce n'est donc pas par
hasard que je croise ma marchande de poissons d'hier et ses filles déjà mamans.
Elles vont au bourg vendre la pêche du matin |
Elles me demandent de les photographier… plusieurs prises plus tard je reprends
ma route, arrive au village et rencontre Stanislas et sa femme. Je lui demande
la piste de la "piscine naturelle"… il faut traverser les rizières
sur les traîtresses diguettes. Concentration pour ne pas glisser !
Un de mes guides sur une diguette |
Deux enfants
me guident en rigolant et je me retrouve au long du chemin qui borde le canal
en provenance de la cascade. Facile ! De nombreuses femmes (je verrai aussi un
homme) de tous âges profitent du beau temps et du dimanche pour … faire la
lessive. Une d'entre elles, bien âgée, m'explique, dans un français épatant,
qu'elle voulait aller prier mais qu'elle n'avait pas le temps. Vers 11h je suis
à la cascade où on lessive encore et où je retrouve Stinjo, son amie, sa sœur
et sa cousine… rigolades !
Il fait de plus en plus chaud. Je regarde l'heure et
me décide à repartir d'un bon pas pour ne pas arriver en retard à l'église
luthérienne d'Ambohiponana. J'arrive à temps mais dégoulinant de sueur ! Eux ne
sont pas en avance alors je me fais sécher dans le vent dehors… La femme du
pasteur, sa fille Clara, une des "anciennes" très engagée, de
l'ancienne commission jeunes et son frère s'activent pour le repas.
Ils
m'expliquent que le papa est à l'autre bout de la vallée, à Fienerentsoa où il
dirige l'office dominical. Il y est allé en vélo par une piste que je sais bien
inconfortable. Nous commençons le repas et chacun s'efforce de se faire
comprendre. Chaleureux et très sympathique moment. Le papa arrive plus tard en
costume cravate, pas du tout transpirant (il est plutôt filiforme, lui…). C'est
un personnage écouté et respecté par la sagesse de ses avis. Son français est
fort correct et la conversation riche sur la vie de tous les jours de ce côté
de la vallée et sur l'histoire deson église et de sa maison. Elles datent de 1876 et furent bâties par des missionnaires norvégiens dont les tombes sont près du jardin. Ils avaient bien choisi l'endroit : c'est la plus belle vue qu'on puisse avoir sur la face est de la vallée.
L'autre jour on avait parlé compost de 7 jours, la dame m'en a
reparlé et parlé à d'autres. Je passerai l'info à Philibert.
Le pasteur et deux de leurs enfants |
Vers 16h je prends
congé et repars vers le gîte où Vola a déjà commencé à préparer le repas du
soir. Douché, des vêtements propres et secs sur le dos, je goûte les dernières
lueurs du jour. Je suis fatigué mais aussi très heureux de cette journée, d'autant
plus que Blandine me téléphone pour me donner des bonnes nouvelles, par contre elle
me parle aussi des frimas angevins…
Quelle grâce ce héron sur fond de rizière ; ça valait le coup de faire un détour. La cascade fait moins rêver.
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