Bien
dormi, les moustiques se sont fait discrets. Il fait encore un temps radieux
ici quand Blandine me dit qu'il fait froid et triste en Anjou. Je n'ai pas de
thermomètre mais on a du dépasser les 30° dans l'après-midi et la soirée fut
sans orage malgré la chaleur. Un beau samedi en somme.
Vers
8h30 Nina est venue me chercher pour me faire visiter les quatre essais
d'élevage de poulets gasy (élevés à la malgache) que la plateforme des jeunes
de Manandona a finalement financé après notre refus de cautionner ce projet en
juin dernier.
Chez le vice président de la plate forme jeunes de Manandona |
Le premier est réalisé chez le vice président de la plate forme
(plus très jeune, mais moi comme responsable de la commission jeunes d'AM ,
j'ai pas grand-chose à dire…). Avec sa femme et ses 4 enfants, ils habitent une
modeste maison à l'est de RN7, pas très loin du gîte. Fièrement il me montre
les 4 poules et les 28 poussins qui les accompagnent. Nous discutons du
principe de fonctionnement (heureusement que Nina est là pour la traduction).
Les poules durent environ 18 mois et si tout va bien elles peuvent couver
plusieurs fois avant d'être mangées ou vendues. Parmi les jeunes poussins, 10
vont à la plateforme pour être redistribuées à d'autres, une dizaine sont
gardées par l'éleveur et les autres sont vendus ou mangés au bout de 3 ou 4
mois, pour couvrir les frais de l'élevage. Évidemment il ne faut pas de maladie
ou de chien affamé, voire de voisins indélicats car tout cela se passe en
liberté.
Le chanteur de la chorale |
La deuxième famille fait partie de la chorale, la troisième personne
est une jeune scout et le dernier un gars du foot qui est en train de réparer son toit.
La jeune scout et une des 4 poules |
Sa femme nous perche une poule sur son balcon, pour bien prouver que les quatre données sont bien là..
La derni-re poule... |
Tous ces gens (les trois
derniers ont eu des résultats de couvaison un peu moins bons) ont comme
principal point commun la grande pauvreté. Ils sont tous journaliers. Ils
arrivent à économiser assez pour la nourriture de base des volailles (un kapok -
unité de volume de vente d'environ 25cl - de maïs broyé par jour) et surtout
ils ont une très grande confiance en ce projet. Je suis impressionné et très
content d'avoir eu tort. Comme ça ils se sont lancés sans nous. A nous de
réfléchir maintenant comment on peut les soutenir pour assurer la pérennité de
la chose (vaccins, avance remboursable d'une partie de l'alimentation, modèles
de poulaillers etc…). Une chance, à Madagascar il n'y a pas de renard. Cela
aura aussi été l'occasion de rencontrer de nouvelles personnes et un hameau que
je connaissais bien mal, tout près de la lavaka magnifiquement cultivée dont je
parlais l'autre jour. Je reviens au gîte tout ragaillardi par ce que je viens
de voir : un début de projet entièrement géré par les membres de cette
plateforme, destiné aux plus pauvres pour améliorer leurs revenus et leur
nutrition. Je croise Philibert tout fier de son coup, il m'explique qu'il va
essayer de reproduire l'opération au sein de sa communauté religieuse.
Attention quand même à la surproduction ! A suivre donc et si on peut un peu
soutenir, pourquoi pas ? Josia, l'ingénieur agro spécialiste d'élevage qui
devait m'accompagner, a été retenue ailleurs mais je l'interrogerai car je sais
qu'elle est impliquée dans cette affaire.
Il
est 11h30 et je décide une balade en vélo vers le nord jusqu'à la rivière (
Vola me dit qu'elle n'a pas de nom, on dit la rivière c'est tout). Je passe voir Camille qui donne son cour de français dans une des écoles du bourg.
Camille et son groupe du samedi matin |
Je reprends vite la route et c'est
l'occasion de passer lentement dans des hameaux qu'on traverse rapidement en
voiture moto ou taxi B. Ici personne ne s'arrête, on passe, et vite. Il y a aussi
beaucoup d'activité dans les champs, hommes, femmes, enfants et zébus
s'activent dans les rizières. De pylône en pylône on voit aussi la ligne à
haute tension survoler la commune sans qu'aucun transformateur puisse permettre
de s'y brancher.
Repas
solitaire, et un peu de repos. A 14 h je suis invité à l'assemblée générale de
la commission jeunes, nouvelle version. Plus de 150 se sont inscrits et 82 sont
présents ! Cela se passe dans l'ancienne salle des mariages qui n'a plus de
bancs, alors ce n'est pas commode.
Philibert est là, mais pas Mamy son adjoint
chargé de la plateforme jeunes de la commune. A ce sujet il y a une confusion
assez grande sur les secteurs de cette plate forme communale et la commission
jeunes de Vovonan Soamiaradia, seule association liée à Anjou Mada. Nous
devrons absolument nous positionner sur cette question. Il y a là des enjeux de
pouvoir qu'il faudra trancher. Nina et son père, le maire, semblent en
désaccord sur le sujet. Plus important dans l'immédiat c'est de choisir un
nouveau bureau et des conseillers. Nina, Misa et Naja sont bien sûr dans le
coup, mais aussi d'autres jeunes.
Le vote a lieu dans un joyeux bazar pas trop
démocratique, mais bon tous les candidats sont élus. Il y a aussi Sisi de l'ONG
Vahatra (ONG qui a une agence à Manandona, spécialisée dans le micro crédit
mais aussi dans le suivi social,) qui elle sera chargée du volet éducatif de la nouvelle formule. Problèmes
d'ados, addictions, grossesses précoces seront au rendez-vous des réflexions
mensuelles des membres de la commission jeunes, à côté des activités de
loisirs. C'est à l'initiative encore de Philibert que cette ONG intervient. Je
passerai un moment avec elle après la réunion car elle aussi ne comprend pas
tout de la situation locale. Elle me paraît être le pilier de ce nouveau
dispositif, son expérience d'animation et sa maturité sont rassurantes. Pour
faire plaisir, un moment danse a été organisé, mais le branchement
catastrophique fait disjoncter notre centrale solaire qui sera remplacée par un
groupe électrogène pour lequel je donne 1 litre d'essence. Il commence à se faire
tard, il faut reprendre la route et les pistes avant la nuit. La première assemblée
générale new look s'achève.
Gabriel
est rentré, il me donne des nouvelles du chantier du nouveau pissoir en construction
et de sa visite aux toilettes de Vinaninkarena où les réparations commencent lundi.
A table nous appelle Vola
avant de rentrer chez elle où elle va s'occuper de deux de ses petits enfants confiés
par leurs mères depuis plusieurs années.
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