samedi 9 novembre 2013

Que d'eau, que d'eau

La jolie lumière du matin nous aide à nous lever de bonne humeur. La fille de Vula est là pour la lessive des choses du gîte mais aussi de celles des habitants.  Après le petit déj je relis mes mails et décide de mettre sur une clé les remarques et fichiers concernant la comptabilité, envoyés par Henry à Nina. Je crois qu'il ne sera pas inutile de lui en rappeler l'urgence. Dès que jz la vois, avant la réunion je lui en touche deux mots et lui explique un peu les demandes. Pas inutile en effet… à compléter lundi.
Philibert célèbre un mariage dans la nouvelle mairie. La salle des mariages ressemble à une chapelle au sol carrelé bien propre. Porte et fenêtres sont en aluminium. Haut standing pour ici. La noce est fort modeste avec peu de participants, ce qui est aussi assez surprenant. Au dernier rang sur un banc vernis tout neuf, il ya deux missionnaires mormons manifestement heureux de chaperonner la cérémonie. A l'issue de la cérémonie, ces deux jeunes blancs en chemisette et cravate parlant malgache,  font des photos de la noce devant la mairie. Philibert me dit qu'ils sont  très présents comme d'ailleurs les témoins de jehova qui viennent d'achever un nouveau temple dans le centre de Manandona. Les mormons sont venus lui proposer de réaliser un circuit d'adduction d'eau, Philibert leur a proposé d'étudier celui du  hameau Ambohimirary.  Ils ont déjà fait celui qui dessert Mahasoa. Pas drôle ce nouveau colonialisme religieux et sectaire.

Un des premiers mariages dans la nouvelle mairie

La réunion de la commission jeunes commence. C'est Nina qui pilote la réunion et elle s'y prend très bien. Il s'agit de refaire un appel aux ados pour créer une sorte de maison des jeunes avec plusieurs types d'activités, mais surtout un volet éducatif (conduites à risques, sexualité, hygiène…) assuré par Missy une jeune femme de l'association Vahatra. Ce module est obligatoire pour les adhérents. Sont prévues aussi des activités sportives (basket , foot…) et d'autres choses (jeux, danse, vidéo). Grande nouveauté, ils ne demandent pas de moyens pour fonctionner. Je propose de poser la question à Anjou Madagascar de prendre en charge la réparation des paniers de basket inutilisables au CEG comme au lycée du Sacré Cœur. Il y a 38 jeunes présents qui s'inscrivent dans les différentes activités proposées. Missa la bibliothécaire est là aussi et se montre très active. 

Les jeunes intéressés par les propositions d'activités

Les jeunes devront ramener l'autorisation signée des  parents. Cette autorisation aura été consciencieusement tamponnée au sigle de Vovonana. Ce goût immodéré du tampon nous jouera un tour dans la journée. Ce projet me paraît bien différent des autres et j'y adhèrerais plus volontiers. On me reparle des poulets gasy (mollement), je verrai ça avec Philibert mardi. On se disperse vers 11h30. Je n'ai revu aucun des membres des précédentes commissions jeunes… on me dit que tous sont partis un peu partout.
Après le déjeuner et une courte sieste nous partons, Philibert, Gabriel, Jo et moi pour la réception des travaux sur la captation nouvelle des sources du réseau Ambohimiarisoa. Juste comme nous montons dans la voiture un orage terrible éclate : vent, éclairs, pluie puis grêle viennent noyer le paysage. Nous partons quand même lentement sous ce déluge. La piste est très  boueuse et nous glissons gentiment de droite et de gauche. Les canaux débordent sur le chemin. L'eau devient couleur chocolat tant elle traine d'alluvions. On finit au bout de 3 km par s'arrêter dans la cour d'une maison. Vêtement de pluie sur le dos on finit le chemin à pied. Dans les champs de légumes c'est la désolation : courgettes et haricots verts hachés menus, jeunes maïs saccagé… les arbres fruitiers ont perdu la plupart des fruits en formation. Bref on arrive au quartier où le chef nous attend avec une douzaine d'hommes concernés par l'évènement. L'eau coule à nouveau dans ce réseau, mais surtout  l'eau est redevenue potable grâce aux travaux  qui viennent de s'achever. Suit un long moment de discours de recommandations. Nous ne serons pas moins de quatre à répéter qu'il faut payer la modeste contribution qui sert  à entretenir le réseau. Des femmes se sont rapprochées, mais seuls les hommes parlent de l'eau… qu'ils ne portent jamais. Remerciements divers de toutes les" entités présentes" (terme un peu générique pour désigner toutes sortes de responsables) et dans le petit mot qu'on m'a demandé de faire je rappelle qu'Anjou Madagascar n'est pas un bailleur de fonds, mais des individus, des organismes qui ensemble, réunissent des moyens pour participer à la réussite de leurs projets. Cette solidarité n'a de sens que s'ils fournissent un travail, cette fameuse  part des bénéficiaires, ce qui peut se résumer part "aide toi et Anjou Madagascar t'aidera". Un pot de l'amitié fort modeste termine cette cérémonie dans la salle de classe de l'école catholique. Un autre bâtiment a été détruit par le cyclone et des enfants ont cours aussi dans l'église. On se prépare à signer les documents, mais où est donc passé le tampon ? Point de tampon, point de signature. On fera ça lundi. Nous repartons. Derrière nous des enfants apportent leurs gros bidons jaunes à la borne fontaine, ils nous sourient. 

 
L'eau potable coule à nouveau

La terrible averse a été absorbée, les canaux assagis et doucement nous rentrons au gîte. La nuit tombe. Flavien qui, pour vérifier une dernière fois tout le réseau était parti avant nous en vélo a pris l'orage, est épuisé ce soir. On mange vite en pensant au programme de demain… chargé aussi !

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