jeudi 26 octobre 2017

Le retour de l'exploratrice



Jeudi 26 octobre
La journée commence de bonne heure et la fumée des brûlis contamine toujours la vallée. Je monte petit déjeuner avec la famille à l’étage. Les ouvriers de la tranchée électrique sont vite en action ! Richard et moi quittons la maison pour aller à la maison où pointent les travailleurs du circuit eau. Ils sont à l’heure. Le camion de matériaux vient livrer les fers à béton, les planches de coffrage et les bois ronds qui serviront à construire, entre autres, le réservoir. Là encore les mains les bras et les jambes suppléent l’absence de tout engin de levage. L’équipe de terrassement est partie devant dans la montagne. 

Tout le monde est à l(heure !

déchargement des fers à béton
 
Sous l'oeil de Raymond le maire et Richard

 
Ensuite les planches



Vont rejoindre les matériaux qui devront être gardés.

Le panneau sud d'entrée de la commune
 
Je vais ensuite voir l’ancien hangar de la coopérative défunte qui accueille désormais une des salles du lycée en attendant la nouvelle construction. Classe de terminale A, cours de français. Le prof parle très très bien le français, pour les élèves c’est plus laborieux. Le prof les encourage à me parler en français. Petit à petit ça se dégèle et les questions arrivent… je les quitte pour aller à la mairie tenter de voir quelqu’un (en vain d’ailleurs) et aussi de pouvoir recharger mon ordinateur dans la salle info. Vers 11 h je retourne voir les terminales qui devaient avoir cours de philo et devant l’absence annoncée du prof m’avaient demandé de venir. Ils sont tous là et pendant une heure ils m’ont posés des tas de questions sur la vie en France, ce que je pensais de Madagascar, quels étaient les buts d’Anjou Madagascar etc etc… beaucoup plus bavards qu’en présence du prof ! Je les interroge sur leur avenir. Ils le voient tous dans les services, quitter les rizières… 


Une salle de classe pas vraiment adaptée, mais bon...

et des élèves très appliqués (plus de filles que de garçons)


Je retourne à la salle info et je m’aperçois qu’il n’y a plus qu’un poste opérationnel trois unités centrales ne sont plus là. Claudie arrive sur ces entrefaites avec Manitra qui lui a servi de guide ces quatre derniers jours dans la montagne. Elle est fatiguée et commence à me raconter… mais je vous laisse lire le début de ses aventures dans le « billet de l’exploratrice » un peu plus bas. Pendant qu’elle consulte ses mails je repère un grossier branchement pirate. En suivant les fils je me retrouve à la maison de l’infirmier, vous savez celle aux deux paraboles d’hier. Au moins je sais d’où vient son courant !
La belle installation inutilisable.

Sauf pour un brigandage électrique
Peu après le déjeuner on reprend le taxi B pour Manandona, à côté de moi deux jeunes tiennent des machettes effilées avec des manches en aluminium… des dahlaos ?Allons, voilà que je vais succomber à la parano moi aussi ! Retrouvailles avec les autres, échanges, repas et peu après dodo réparateur pour tout le monde !


Arme ou outil, en tout cas un fameux bricolage.


La pub qui fait toujours rire au bord de la route, surtout si on n'a pas besoin de leurs services !





Séjour à Laimbolo.

Episode 1 : chez Manitra.

Pour accéder à Laimbolo, à partir de Sahanivotry, il faut quitter la RN7. Souvenez-vous : super piste-trip avec un virtuose de la moto, durée environ 30 minutes bien secouées.




Le conducteur, c'est Manitra. Benjamin d'une fratrie de 6 enfants, fils de Pasteur luthérien, il est Directeur du CEG de Laimbolo. Son français est parfois un peu hésitant, mais volontaire. Il est à l'affût de nouveau vocabulaire, d'expressions.
Il a 38 ans, sa femme s'appelle Hanitra. Ils se sont bien trouvés tous les deux, car leur prénom signifie « Parfumé(e) »Ils ont deux filles Finaritra (Heureuse) 13 ans, et Finoana (Croyance) 9 ans. Un bébé est attendu pour le mois de décembre. Manitra aimerait bien un garçon…




Les 6 frères et sœurs sont installés dans le village et tiennent des points clés dans le secteur éducatif. Mamy, le frère aîné est Directeur de l'école publique. Les parents (le papa est à la retraite maintenant) occupent une maison un peu à l'écart.
Manitra a fait construire une grande maison en L avec deux étages.
Le rez de chaussée se partage en trois : une pièce de stockage des graines, outils, moto, un vestibule menant à l'étage (les marches sont acrobatiques : environ 30 cm de hauteur), un espace en terre battue qui reçoit toute la volaille pour la nuit (poules, oies). Les planchers sont en bois : le coq est entendu sans difficulté dès trois heures trente du matin.




Le premier étage est parcouru par un balcon (on y rencontre régulièrement de jeunes poulets qui s'essaient à voler, fort bien d'ailleurs). De part et d'autre de la cage d'escalier, une grande cuisine, avec un espace ré-haussé pour installer la cocotte en alu, et deux pièces, dont l'une sera ma chambre (un grand lit, cinq fauteuils, un buffet et une table).
Au second étage, une grande terrasse et deux pièces à vivre ceinturées d'un balcon. L'installation électrique, à base de panneaux solaires, permet l'éclairage de la maison, l'emploi d'un ordinateur et de deux imprimantes, le piano électrique (mini concerts bien sympathiques), le frigo (miam les super yaourts maison), et un robot de cuisine (mixeur, trancheur).
Les toilettes et douche sont dans un bâtiment extérieur, toilettes à la turque cimentées, douche cimentée avec trou d'évacuation de l'eau que l'on prend dans un seau avec une grosse tasse plastique. J'aurai le soir à disposition deux seaux d'eau chaude, et un seau le matin. Quel luxe !
Manitra est très proche de ses filles et de son épouse. Chacune a ses tâches à accomplir. L'aînée est souvent de corvée d'eau (la source est à plus de 500 mètres), la plus jeune nourrit la volaille. Hanitra est très discrète et veille au bien-être de tous. Elle est toujours en action.
La maison est un point de rencontre dans le village. On y vient pour utiliser des machines manuelles (broyeur à maïs, scie, hache...)
Manitra possède deux zébus, trois cochons et une vache laitière. Il dispose d'environ douze litres de lait par jour. Ce précieux liquide est partagé dans la famille, et sert à fabriquer de délicieux yaourts. Il a pu aussi acheter des terres qu'il compte reboiser. Il me montrera souvent le paysage « Quand j'étais petit, il y avait des arbres partout »



Assez curieusement, Manitra peut organiser son emploi du temps à sa convenance. Il sera mon guide et mon traducteur.
Lui et sa famille m'accueillent pendant ces quatre jours de découverte de ces quatre écoles de montagne, dont la plus lointaine est très à l'est, à 3 heures de marche de Laimbolo.










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