Jeudi 22 octobre
Le beau temps est revenu ! Nous préparons notre départ
pour Sahanivotry. Comme d’hab ici il y a toujours des imprévus : Rivo et
la dame des sources viennent nous voir pour avoir des nouvelles et nous
informer de certaines menaces qui planent sur le réseau d’eau projeté. Un groupe
d’agriculteurs s’oppose au projet par crainte de se voir privés d’eau pour
leurs rizières. Paul explique que pour les autres réseaux les craintes étaient
semblables et qu’après la mise en eau cela n’avait rien changé pour les rizières… à eux de faire
preuve de pédagogie ! On finit par partir après avoir peiné à gonfler nos
beaux vélos jaunes vraiment très agiles sur le bitume (et très remarqués).
Au sud de Manandona,
nous voyons les vestiges de bornes fontaines abandonnées. Y a-t-il eu un réseau
dans cette partie de la commune ?
Avant Sahanivotry on s’arrête pour voir
l’état du camion accidenté la semaine passée. Il n’en reste rien du tout, mais
comment ont-ils fait pour le démonter et remonter sur la route les morceaux ?
Il est presque 11h
quand on arrive au village. On pose nos vélos chez Athanase l’ancien directeur
de l’EPP du bourg pour aller voir le CEG et surtout le groupe sanitaire.
Première surprise, il n’y a pas un seul adulte présent au collège mais tout est ouvert (salles etc) et
les élèves qui ne peuvent rentrer errent dans l’établissement.
On va voir
l’installation lave-mains toilettes. Vue de loin tout va bien…
de plus près
nous déchantons ! Fuites à tous les niveaux, chasses d’eau en panne, un
bec de lave-mains cassé et une noria de seaux d’eau remplis à la borne fontaine
Hydelec dont le robinet est lui aussi cassé… ces seaux servent de chasse d’eau pour des toilettes
qui demeurent malgré tout utilisables et utilisées.
Les bras nous en tombent un
peu ; Claudie et moi prendrons un moment avant de commenter ce qu’on vient
de voir. Direction l’école primaire publique (EPP) de Sahanivotry qui jouxte le
CEG. Nous y sommes très bien accueillis par la directrice Madame Harisata,
seule titulaire de l’école et ses adjoints maîtres FRAM.
Elle nous précise que ses effectifs (environ 200 élèves) sont en baisse : du fait de la pauvreté,
les parents gardent les enfants pour travailler ou surveiller leurs frères ou sœurs
plus jeunes. Nous évoquons avec eux des possibilités de partenariat pour des
projets pédagogiques que nous pourrions soutenir. Eux aussi ont un problème de
toilettes et de point d’eau. Après ce que nous venons de voir, on les calme…
Elle nous dresse la liste des établissements scolaires de la
commune et la distance en temps de marche (malgache) pour les rejoindre. Sur
dix écoles 6 sont à plus de 2 heures de marche du centre du village, la plus
loin à 5 h ! Elle-même n’y est jamais allée.
En retournant chercher nos vélos on passe devant le local
d’une ancienne coopérative agricole en cours de transformation pour devenir la
classe de seconde du lycée de Sahanivotry qui devrait ouvrir dans le courant de
l’année scolaire.
On est surpris mais comme la mairie est fermée et qu’il est tard
nous n’aurons pas d’autres infos aujourd'hui. L’eau de la rivière a monté depuis les
dernières pluies et arrive maintenant à mi cuisse des gens qui passent à gué,
cela nous incite à repousser à demain la visite à l’école d’Ambohimanarivo.
Chez M. Athanase revenu de donner son cours de français au collège La
Merveille, nous lui demandons s’il a discuté avec sa femme de notre recherche
d’hébergement local. Dans un remarquable français ils proposent de nous
héberger, et que ce sera un plaisir pour eux d’entretenir la pratique de notre
langue. Youpi, ni Raymond le maire ni Patrick d’OTIV n’avaient pensé à eux.
Nous remontons à bicyclette et arrivons dans l’après-midi au gîte
.
Papillon et insecte vus cet après-midi |
La science des niveaux, visible lors de la mise en boue des rizières |
Les mollets
sont de plus en plus fermes et la distance parcourue en peu de temps. Par
contre, sieste indispensable. On fait un tour au jardin pour arroser, planter
et admirer les travaux des élèves du CFP et de Florian.
Les dernières plantations du CFP |
Bruno et sa copine sont de passage au gîte pour partager
quelques repas. Le soleil s’est couché dans un flamboiement magnifique et nous,
peu de temps après le dîner, beaucoup plus calmes.
Claudie et Jacques
Le billet du botaniste
J’espère que vous ne vous lasserez pas d’Ibity. Si de loin
cette énorme montagne ne ressemble qu’à un gros bloc sec et franchement peu
accueillant, ce n’est plus le cas lorsque l’on se donne la peine d’y passer la
journée. Il y a deux sortes d’endroits où l’on se retrouve dans une véritable
forêt : les creux de vallées (je vous en parlerai demain), et au sommet,
cachée entre les énormes blocs de rochers.
Au sommet, il est très difficile de se promener. Ce n’est
qu’un chaos d’énormes blocs pouvant atteindre 8 mètres de haut. Finalement cela
a plusieurs avantages : le sol est retenu par les rochers, et l’humus est
gardé au frais par l’ombre des géants granitiques. Le végétal a donc tout ce
qu’il lui faut pour prospérer : de l’humidité quasi permanente, une bonne
luminosité sans pour autant être trop agressée par un soleil omniprésent.
Si la végétation d’en haut n’est pas forcément très haute,
elle est par contre très dense, et se frayer un chemin dedans n’est pas de
toute facilité. D’autant plus qu’on risquerait de marcher sur des plantes
endémiques. Cela pourrait presque ressembler à une lande, avec de nombreux
petits arbustes, se mêlant aux bambous, orchidées, et autres plantes
tropicales. Ici, je vous présente une petite asteraceae, cousine de nos pâquerettes,
mais arbustive.
Mais ne nous leurrons pas. Si ici la nature a encore tous
ses droits, c’est que l’homme n’y vient pas. Le lieu est loin, haut, rocailleux
et donc peu propice aux cultures. A mon plus grand bonheur, car quel meilleur
endroit pour s’aérer la tête, s’abreuver de couleurs, de fleurs, de senteurs,
s’enivrer des paysages et se laisser bercer par la tranquillité silencieuse du
murmure d’une nature qui continue de pousser, lentement mais sûrement ?
Flo (rian)
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