Jeudi 26 octobre
La journée commence de
bonne heure et la fumée des brûlis contamine toujours la vallée. Je monte petit
déjeuner avec la famille à l’étage. Les ouvriers de la tranchée électrique sont
vite en action ! Richard et moi quittons la maison pour aller à la maison
où pointent les travailleurs du circuit eau. Ils sont à l’heure. Le camion de
matériaux vient livrer les fers à béton, les planches de coffrage et les bois
ronds qui serviront à construire, entre autres, le réservoir. Là encore les
mains les bras et les jambes suppléent l’absence de tout engin de levage. L’équipe
de terrassement est partie devant dans la montagne.
Tout le monde est à l(heure ! |
déchargement des fers à béton |
Sous l'oeil de Raymond le maire et Richard |
Ensuite les planches |
Vont rejoindre les matériaux qui devront être gardés. |
Le panneau sud d'entrée de la commune |
Je vais ensuite voir l’ancien
hangar de la coopérative défunte qui accueille désormais une des salles du
lycée en attendant la nouvelle construction. Classe de terminale A, cours de
français. Le prof parle très très bien le français, pour les élèves c’est plus
laborieux. Le prof les encourage à me parler en français. Petit à petit ça se
dégèle et les questions arrivent… je les quitte pour aller à la mairie tenter
de voir quelqu’un (en vain d’ailleurs) et aussi de pouvoir recharger mon
ordinateur dans la salle info. Vers 11 h je retourne voir les terminales qui
devaient avoir cours de philo et devant l’absence annoncée du prof m’avaient
demandé de venir. Ils sont tous là et pendant une heure ils m’ont posés des tas
de questions sur la vie en France, ce que je pensais de Madagascar, quels
étaient les buts d’Anjou Madagascar etc etc… beaucoup plus bavards qu’en
présence du prof ! Je les interroge sur leur avenir. Ils le voient tous
dans les services, quitter les rizières…
Une salle de classe pas vraiment adaptée, mais bon... |
et des élèves très appliqués (plus de filles que de garçons) |
Je retourne à la salle info et je m’aperçois
qu’il n’y a plus qu’un poste opérationnel trois unités centrales ne sont plus
là. Claudie arrive sur ces entrefaites avec Manitra qui lui a servi de guide
ces quatre derniers jours dans la montagne. Elle est fatiguée et commence à me
raconter… mais je vous laisse lire le début de ses aventures dans le « billet
de l’exploratrice » un peu plus bas. Pendant qu’elle consulte ses mails je
repère un grossier branchement pirate. En suivant les fils je me retrouve à la
maison de l’infirmier, vous savez celle aux deux paraboles d’hier. Au moins je
sais d’où vient son courant !
La belle installation inutilisable. |
Sauf pour un brigandage électrique |
Peu après le déjeuner on
reprend le taxi B pour Manandona, à côté de moi deux jeunes tiennent des
machettes effilées avec des manches en aluminium… des dahlaos ?Allons,
voilà que je vais succomber à la parano moi aussi ! Retrouvailles avec les
autres, échanges, repas et peu après dodo réparateur pour tout le monde !
Arme ou outil, en tout cas un fameux bricolage. |
La pub qui fait toujours rire au bord de la route, surtout si on n'a pas besoin de leurs services ! |
Séjour à Laimbolo.
Episode 1 : chez Manitra.
Pour accéder à Laimbolo, à
partir de Sahanivotry, il faut quitter la RN7. Souvenez-vous : super
piste-trip avec un virtuose de la moto, durée environ 30 minutes bien secouées.
Le conducteur, c'est Manitra.
Benjamin d'une fratrie de 6 enfants, fils de Pasteur luthérien, il est
Directeur du CEG de Laimbolo. Son français est parfois un peu
hésitant, mais volontaire. Il est à l'affût de nouveau vocabulaire,
d'expressions.
Il a 38 ans, sa femme s'appelle
Hanitra. Ils se sont bien trouvés tous les deux, car leur prénom signifie « Parfumé(e) »Ils
ont deux filles Finaritra (Heureuse) 13 ans, et Finoana (Croyance) 9 ans. Un bébé
est attendu pour le mois de décembre. Manitra aimerait bien un garçon…
Les 6 frères et sœurs sont
installés dans le village et tiennent des points clés dans le secteur éducatif.
Mamy, le frère aîné est Directeur de l'école publique. Les parents (le papa est
à la retraite maintenant) occupent une maison un peu à l'écart.
Manitra a fait construire une
grande maison en L avec deux étages.
Le rez de chaussée se partage en
trois : une pièce de stockage des graines, outils, moto, un vestibule
menant à l'étage (les marches sont acrobatiques : environ 30 cm de
hauteur), un espace en terre battue qui reçoit toute la volaille pour la nuit
(poules, oies). Les planchers sont en bois : le coq est entendu sans
difficulté dès trois heures trente du matin.
Le premier étage est parcouru
par un balcon (on y rencontre régulièrement de jeunes poulets qui s'essaient à
voler, fort bien d'ailleurs). De part et d'autre de la cage d'escalier, une
grande cuisine, avec un espace ré-haussé pour installer la cocotte en alu, et
deux pièces, dont l'une sera ma chambre (un grand lit, cinq fauteuils,
un buffet et une table).
Au second étage, une grande
terrasse et deux pièces à vivre ceinturées d'un balcon. L'installation électrique,
à base de panneaux solaires, permet l'éclairage de la maison, l'emploi d'un ordinateur
et de deux imprimantes, le piano électrique (mini concerts bien sympathiques),
le frigo (miam les super yaourts maison), et un robot de cuisine (mixeur,
trancheur).
Les toilettes et douche sont
dans un bâtiment extérieur, toilettes à la turque cimentées, douche cimentée
avec trou d'évacuation de l'eau que l'on prend dans un seau avec une grosse
tasse plastique. J'aurai le soir à disposition deux seaux d'eau chaude, et un
seau le matin. Quel luxe !
Manitra est très proche de ses
filles et de son épouse. Chacune a ses tâches à accomplir. L'aînée est souvent
de corvée d'eau (la source est à plus de 500 mètres), la plus jeune nourrit la
volaille. Hanitra est très discrète et veille au bien-être de tous. Elle est
toujours en action.
La maison est un point de
rencontre dans le village. On y vient pour utiliser des machines manuelles
(broyeur à maïs, scie, hache...)
Manitra possède deux zébus,
trois cochons et une vache laitière. Il dispose d'environ douze litres de lait
par jour. Ce précieux liquide est partagé dans la famille, et sert à fabriquer
de délicieux yaourts. Il a pu aussi acheter des terres qu'il compte reboiser.
Il me montrera souvent le paysage « Quand j'étais petit, il y avait des
arbres partout »
Assez curieusement, Manitra peut
organiser son emploi du temps à sa convenance. Il sera mon guide et mon
traducteur.
Lui et sa famille m'accueillent
pendant ces quatre jours de découverte de ces quatre écoles de montagne, dont
la plus lointaine est très à l'est, à 3 heures de marche de Laimbolo.
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