Vendredi 27
octobre
Je n’ai pas bien dormi. C’est comme ça. Dehors c’est aussi brumeux que
dans ma tête. Après le petit déj (Voahangy a fait des crêpes fourrées à la
banane, miam, miam) Sarah finit de préparer ses paniers de légumes pour
Antsirabe et se lance dans la confiture de mûres de mûrier, l’arbre. Pendant ce
temps là on essaie de trouver deux vélos en état. C’est pas commode. Finalement
nous voilà partis avec deux vélos jaunes, le mien de tout chemin déraille du
dérailleur et cela fait sauter la chaîne quand on appuie trop fort… On se calme
au lieu de jurer des mille bons dieux inutiles !
La bifurcation des pistes pour Fierenentsoa |
En chemin sur la grande digue on croise des repiqueuses, des pêcheurs, des lavandières, des laboureurs lavant leurs zébus … toute la vie en action avant 8 h du matin.
Le coin de lessive dans es parties basses du plateau |
La dernière borne du nouveau réseau Ambohiponana sud |
Les zébus prennent le frais |
Voire même une douche |
De voitures pour ces enfants fort démunis |
Il reste encore de ces fichus puits pourris dans des coins de rizière |
L'enfant et son troupeau de canards à l'apprentissage |
Une rizière tourbière où les gens enfoncent jusqu'à la poitrine |
Merveilleuses couleurs des pépinières |
Il fait déjà
grand chaud quand nous arrivons à l’école de Fierenentsoa où nous sommes très
attendus. Je trouve l’école pimpante et repeinte depuis mon dernier passage. Cela
récompense des 6 km d’efforts sur cette vilaine piste. Les enseignants sont là
(sauf la directrice en congé de maternité) et nous partons au jardin. Je
précise que je tourne un film ce qui me permet de mettre en scène quelques
séquences. Le jardin (300, 400 m2 ?) est proche de l’école et pas en très
bon état : plantés ou semés en période sèche les légumes sont bien secs.
Nous avons ramené des graines. Les enfants bêchent à l’angady une partie du
jardin avec une vitesse et une dextérité surprenantes. Ils le font sûrement
depuis longtemps à la maison ! Sur les courgettes fatiguées, Claudie fait
un cours de paillage et d’arrosage suivi très attentivement par les profs et
les enfants. Ils ont vite fait de mélanger le compost, de chercher l’eau (c’est
plutôt le boulot des filles très habituées à cette tâche. Le paillage se fait
avec cette herbe haute, le bozak, qui pousse en abondance au dessus du jardin.
Une seule faucille pour tous et quelques angadys pour couper cette herbe dure :
ils plient l’herbe et la tranche avec le bout de la bêche. Là encore on voit l’habitude.
C’est un moment joyeux, efficace, évidemment pédagogique !
Le retour à l’école est bruyant… Une enseignante nous remet les lettre
pour les correspondants français, on voit bien qu’il y a beaucoup de travail.
Claudie rentre car elle commence son cours de français plus tôt tandis que je
photographie un par un les 70 auteurs de courriers.
On est en pleine chaleur, il fait plus de 30°, et après avoir salué l’équipe « tu reviendras quand ? », j’enfourche le vélo (ouf Claudie m’a laissé le meilleur !) pour rentrer à Manandona. Je m’évapore littéralement. Plus loin je m’arrête devant une ferme pour prendre en photo des poseurs de chaume et aperçois une jeune femme qui va puiser de l’eau. Je lui en demande pour me rafraîchir et à ma demande elle me verse de l’eau sur la tête. Rigolade générale !
Les angadys entrent en action ! |
Le tas de compost va être réparti entre les plates bandes |
Les nouvelles plantations ont été paillées et arrosées |
Les élèves regardent Claudie pailler les courgettes |
Il y en a aussi qui se débinent et profitent de l'aubaine |
ça avance bien... |
Pause pendant la coupe du bozak |
Mais pas tout le monde ! |
Il a quand même gardé sa veste... |
La future bibliothèque de l'école ? |
Claudie récupère les lettres des enfants |
On est en pleine chaleur, il fait plus de 30°, et après avoir salué l’équipe « tu reviendras quand ? », j’enfourche le vélo (ouf Claudie m’a laissé le meilleur !) pour rentrer à Manandona. Je m’évapore littéralement. Plus loin je m’arrête devant une ferme pour prendre en photo des poseurs de chaume et aperçois une jeune femme qui va puiser de l’eau. Je lui en demande pour me rafraîchir et à ma demande elle me verse de l’eau sur la tête. Rigolade générale !
Chantier de chaume en cours |
C'est un métier difficile et dangereux. On met plutôt des tôles aujourd'hui |
La dame quia bien voulu m'arroser |
Je repars après quelques
photos, la température n’a pas baissé. J’arrive au gîte bien fatigué, sans faim…
Une bonne sieste, une douche froide et c’est reparti pour un cours de français
(conversation) à la bibliothèque avec ceux qui parlent le mieux, tandis que
Claudie s’occupe d’un groupe de débutants (depuis 14 h, elle) et que Misa la
bibliothécaire gère le fils d’une des femmes… Intéressant comme tout. Dans mon groupe
il y a Alfred qui nous raconte une histoire de voleurs survenue dans son
hameau. Des zébus, des poules et des canards ont été volés par les dalahos…
Triste histoire devenue trop fréquente.
Retour
à la maison pour un dîner tout simple où cette fois je mange avec bon appétit !
Voahangy a eu aussi une rude journée et Annie fait la vaisselle pour la
soulager. Dehors j’entends un nouveau « pasteur » haranguer les
ouailles de sa secte douteuse pendant au moins deux heures. Les chants sont
beaux mais lui devrait bien être enfermé ! Claudie a écrit son deuxième
épisode de son exploration dans la montagne, à l’est de Sahanivotry et vient de
me le donner avec des photos.
2ème épisode : Marobiby
Lundi 23 octobre
Après une toilette de chat chez
Richard et Gertrude, et un petit déjeuner d'oeuf frit, de pain et de café, je vérifie
mon paquetage : un sac à dos et un panier bien rempli.
A sept heures, Manitra arrive de la
montagne sur sa moto. Chargement sur la moto, et en route (heu, non, en
piste !)
Le trajet s'avère plus complexe que la
première fois. Les fortes pluies ont raviné, creusé la piste. Il y a des
bouchons mous d'aiguilles de pin mêlés de plastiques et de branchettes. De gros
camions sont passés et ont creusé d'énormes ornières, construisant des petits
murs sableux qui s'éboulent d'un rien. Il faut toute la dextérité de Manitra
pour que nous restions bien en équilibre et en sécurité.
Arrivés à la maison, je dépose mes
affaires et prépare un sac à dos spécial visité d'école. Mais Manitra et sa
femme m'offrent un second petit déjeuner, d'un verre de lait chaud et de pain.
Départ pour Marobiby, école
communautaire située à environ 45 minutes de marche de Laimbolo. Cette école,
bien qu'ouverte en 2010, n'a toujours pas reçu son autorisation administrative
d'ouverture : les habitants n'ont pas pu fournir la preuve de leur capacité
à fournir meubles, matériels et fournitures à la CISCO (équivalent de
l'Inspection Académique). Pourtant la Directrice est bien titulaire d'un poste
dans une école non autorisée… Comprenne qui pourra.
La marche est agréable. Nous
franchissons des replis montagneux « coupe jambes » parsemés de pins,
de mimosas, d'eucalyptus et de cette herbe dure et sèche , le bozaka.
Entre chaque repli de ces vallées, des
zones très humides, cultivées en rizières, qui montent assez haut en terrasses
bien propres. Manitra m'explique que les versants des terrasses sont arrasés
pour détruire toutes les galeries des rats et autres bestioles friandes des
pousses de riz.
L'érosion est galopante : des
pans entiers de terre arable s'écroulent dans les ruisseaux, obligeant les
paysans à déblayer pour recréer le cours de l'eau sans endommager leurs
cultures, et à consolider les bords de leurs champs.
De chemin en diguettes et passages de
déviation de ponts (un ou deux petits troncs d'arbres posés en travers des
rives : très peu pour moi), nous arrivons à un long bâtiment isolé à flanc
de montagne.
Quatre classes pour cinq niveaux
(total de 121 élèves), même si une classe a été séparée en deux pour pallier au
manque de salles.
Pas mal d'élèves absents.
Stupeur : une rumeur lancée par quelques parents a fait peur : la
Vahaza vient au sujet de la peste, et apporte des médicaments. Du coup, effrayés,
ils ont gardé leurs enfants chez eux. Manitra et moi passons de classe en
classe, et c'est toute l'autorité du Directeur de CEG qui lui permet d'être
attentivement écouté.
Les locaux ont souffert du tremblement
de terre (grosses fissures). Trois classes n'ont pas de plafond, aucune n'a de
fenêtres. Pas de point d'eau (une source à un kilomètre), deux toilettes (pour
121 élèves) cachées sous un toit de chaume et maintenues très propres.
Actuellement, période de soudure entre
deux récoltes de riz, les enfants n'ont qu'un repas par jour. C'est bien
compliqué d'être attentif quand on a faim !
La Directrice aimerait ouvrir une
classe de préscolaire : une trentaine d'enfants entre 4 et 5 ans sont
demandeurs.
Les besoins de cette école sont
importants, entre construction, réhabilitation, équipement… Mais à voir avec la
CISCO, rapport à cette autorisation administrative manquante.
Par recoupement avec le recensement,
une vingtaine d'enfants n'est pas scolarisée du tout. Ils travaillent dans les
champs avec les parents et/ou gardent les plus petits.
Certains enseignants ont plus d'une
heure trente de marche pour venir
enseigner. Quand on sait qu'ils sont recrutés par les Parents d'élèves et payés
400 kgs de riz non décortiqué par an...Quel dévouement !
Pour nous remercier de notre visite,
l'équipe pédagogique a préparé un repas : le poulet-riz gasy. Suivi d'une
boisson à l'orange et de petits gâteaux. «Merci d'être venus. Ne nous
oubliez pas ! »
Après les nécessaires prises de
photos, le retour se passera à discuter de ce que nous avons vu, et de sérier
les priorités en rapport avec l'efficacité liée à la saison des pluies qui
approche.
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