Mercredi 22 octobre
Cette nuit après avoir
mis en ligne le blog j’ai regardé mes mails et j’y ai découvert le message que
je redoutais depuis quelques jours nous annonçant la mort de mon ami Philippe
Wiel. Marie Françoise, sa femme, et lui suivaient nos voyages comme une évasion
à la maladie qui le dévorait. Formateur, historien, humaniste, travailleur infatigable,
c’était un plaisir de travailler avec lui. Tu vas nous manquer l’ami.
Ce matin il fait toujours
beau, et tandis que je pense au chagrin de Marie-Françoise et des siens,
dehors, une voix enfantine chante un chant religieux dans le grand calme du
jour qui se lève.
On se lève tôt (5h30) car Michel
doit passer nous prendre en 4x4 pour aller à Ambatofinandrahana voir les sœurs
Jeanne de la Noue qui y travaillent sur des jardins depuis plusieurs années.
Cette commune de 40 000 habitants se trouve au sud ouest
Une pierre levée et des piétons sur la RN7 |
Vers 10h, au sommet d’une colline, on arrive sur une grande surface dégagée où se dressent deux bâtiments neufs. Sur plus de 50 ha la congrégation a installé une ferme biologique, financée par le Rotary Club international (très gros investissement) consacrée aux huiles essentielles.
C’est sœur
Rolandine qui nous accueille, petite femme énergique et drôle qui parle un très
bon français, qui nous guide pour nous montrer les débuts de cette
installation. En collaboration avec d’autres associations (Aider en
particulier) elles ont installé des pépinières impressionnantes et déjà planté
entre autres des géraniums.
Les pépinières de plantes aromatiques |
Au loin des milliers d’arbres ont été plantés pour
assurer l’autonomie énergétique de la ferme pour les distillations. L’alambic
tout inox est déjà installé dans le bâtiment technique qui est d’une qualité de
construction rare ici. Centrale solaire et tout et tout…
La salle de distillation |
première distillation
prévue en mars 2015. Il y a aussi un espace de création de semences (carottes
etc…) et pour que tout cela puisse marcher dans ce coin perdu, un forage (85 m)
assure l’alimentation en eau de l’ensemble. Le travail est assuré par des
journaliers (2500 Ar , 0,75€ par 5h de travail). Époustouflant résultat. Nous
reprenons la route et filons jusqu’à la maison mère de cette congrégation
d’origine Saumuroise dont l’essentiel des religieuses (180) est d’origine
malgache.
Elles ne sont qu’une dizaine à habiter un énorme bâtiment magnifiquement
entretenu. Sa taille permet les regroupements épisodiques mais aussi l’accueil
de congrès etc… Faut y venir quand même ! Nous y sommes attendus pour un
déjeuner discussion sur les jardins avec la religieuse responsable de ce
secteur et un des formateurs. Ici les jardiniers sont sélectionnés par une
commission qui leur attribue une aide à la création progressive sur 3 ans
seulement. Cette aide comprend la formation et la fourniture d’outils et de
graines. Les jardiniers ont le terrain qui, souvent se trouve à proximité de
leur domicile. Un seul exemple d’un terrain comptant plusieurs jardiniers sans
terre. Ils ont ici déjà implanté plus d’une centaine de jardins.
Le repas est
chaleureux, très copieux, on sent que cette rencontre est un évènement joyeux
pour ces religieuses isolées. Sœur Rolandine tient des propos extrêmement
courageux sur l’avenir de son pays qui ne pourra progresser que par le travail
des laïcs qui devront se passer petit à petit des religieuses et des autres
aides. On retient aussi la volonté d’unir les efforts de tous sur ces jardins
et les échanges de techniques culturales, de semences etc… Début d’une
collaboration recherchée mais que nous n’avions jamais pu démarrer. Nous
repartons et passons devant le CFP (Centre de Formation Professionnel) qu’elles dirigent ainsi qu’un énorme lycée
pensionnat de plus de 1000 élèves. Le CFP est installé dans un autre bâtiment
tout neuf et on nous a fait voir une nouvelle salle de cours pratiques
d’électricité qui me font penser à ceux que je donnais au collège il y a 30 ou
40 ans. Le jour baisse et nous traversons encore ces magnifiques paysages.
Avec
la fin du jour viennent aussi les incendies. Nous arrivons au gîte vers 19h un
peu fourbus, mais en même temps fort contents de cette journée où nous avons vu
des réalisations, certes soutenues à bout de bras, qui semblent vraiment
marcher.
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