Pour ce qui est de ma passion, les orchidées, c’est le
bonheur. Ces orchidées qui, je le pensais, me boudaient au sommet d’Ibity se
font moins timides, et ce sont désormais des centaines, des milliers de fleurs
qui éclosent sur les rochers, lieux pourtant à priori peu propices pour que des
plantes viennent s’y installer.
Les fonds de vallées, auparavant secs, sont dorénavant
habités par un cours d’eau, parfois en surface, parfois bien caché en souterrain.
L’eau est parfois montée à plus de 10m (en une seule nuit). Les fonds de
vallées, que je pensais être un havre de paix en saison sèche, sont en fait
devenus semblables au passage d’une tornade : tout est renversé, chamboulé,
couché, arraché. Ce qui n’empêche pas non plus certaines petites belles de
pointer timidement le bout de leur nez, d’un jaune éclat de soleil.
Dans les endroits auparavant arides, coulent maintenant des
sources, habitées par des milliers d’orchidées. Celles la se font encore
attendre, il n’y a pour le moment que les feuilles.
Des parcelles de foret disparaissent, pour laisser place à
des champs de maïs et de haricots. Quelle tristesse. Ce n’est pourtant pas la
place qui manque. Cela me fend le cœur, d’autant plus que la plus belle des
orchidées d’Ibity se trouve à cet endroit. La splendide cynorkis gibbosa. Des
feuilles vertes foncées mouchetées de taches violettes pourpres, qui
enveloppent une hampe florale au sommet de laquelle est disposée une grappe de
fleurs pourpres au labelle finement ciselé. Un coup de pelle plus loin, et elle
y passait. Sans compter tous les arbres qui ont disparu.
Dans les marais (oui, il y a des marais à Ibity), d’innocentes
grappes de fleurs blanches font leur apparition. L’orchidophile affairé ne se
rendra pas compte qu’il passe a coté des mûres et des framboises. Mais le
gourmand, lui, ne se fera pas avoir. Gorgées de sucre, d’eau et de soleil,
elles sont délicieuses.
Tout a poussé à folle allure. Et à ceux qui disent que
bruler l’herbe la fait repousser plus vite, j’aimerais les mettre devant le
fait accompli : c’est FAUX. L’herbe non brulée fait déjà 40cm de haut, l’herbe
brulée peine a atteindre 15cm. Mais combien auront le courage de monter pour
voir cela de ses propres yeux ?
Des lianes aux fleurs noires apparaissent, de nouvelles
odeurs, de nouvelles senteurs. Tant de surprises aux détours des chemins !
Moi qui commençait presque à me lasser d’Ibity, elle récompense ma ténacité a
toujours venir lui rendre visite en m’offrant toujours plus de cadeaux. Certains
aussi se font des cadeaux : une splendide orchidée a fait un heureux, qui
a fauché la hampe florale, surement pour disséquer quelques mètres plus loin la
malheureuse.
Les orchidées ne sont pas les seules à revenir. De nombreux
oiseaux aussi, dont les tisserands rouges, reviennent donner un peu de chaleur
et de couleur a ce paysage désormais chatoyant.
Mais l’eau a un prix : les rizières d’ambohiponana sont
ensablées, le riz en pâti. Et ce n’est que le début de la saison pluvieuse, le
pire reste à venir.
Les photos aussi seront a venir, il va se mettre a pleuvoir et je dois rentrer chez moi. Bonne journée a vous tous!